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16 avril 2012 1 16 /04 /avril /2012 00:48

Petit PhotoNé en 1946 dans un petit village de Seine-Maritime, je ne suis pas loin de penser que celui qui ne voit pas le sublime dans la banalité des choses restera aveugle où qu’il aille. C'est sans doute pourquoi les anecdotes et les faits divers m’intéressent. Ils sont souvent le cadre, le point de départ d’histoires fantastiques potentielles.
Comme vous le verrez ci-dessous, je ne déteste pas écrire des histoires ni photographier le monde comme il va. L'habitude prise depuis des années de noircir au minimum cinq pages de cahier par jour, comme d’autres feraient des vocalises dans leur salle de bains, du vélo d’appartement ou encore du jogging a dû m'aider.
A la retraite depuis 2006, je suis ravi d'intégrer votre Cercle en qualité de membre associé.

 

Jacques PETIT

 

EXTRAIT :

29 décembre 2006, Turmi, Ethiopie...
Le soir, près de Turmi, dans le lit sablonneux d'une ravine, une rencontre de football s'improvise entre des guerriers hamers et des touristes italiens. Toutes les conditions ou presque sont réunies pour garantir un spectacle de qualité : un ballon fait de chiffons enroulés, gainés d'innombrables élastiques et de ficelles, un sifflet, deux sacs de voyage dans chaque camp pour délimiter les buts.
Il ne manque plus qu'un arbitre. On cherche, on se retourne, on questionne... Le réparateur de pneus, à peine réveillé de sa sieste, fait l'affaire.
La partie s'engage.
On y croit.
On y va.
Les joueurs circulent plus vite que le ballon et les coups francs s'accumulent, surtout près de la surface de réparation éthiopienne. Les guerriers hamers courent en vain après la balle, dans des grands embarras de Kalachnikov dont ils ne se séparent jamais, même sur les corners ou pour arrêter un penalty.
Un coup de tête claque et résonne. Un joueur italien reste étendu sur le sol et se tient le crâne à deux mains. L'arbitre siffle, s'époumone, cherche désespérément un carton rouge dans sa poche mais n'y trouve qu'un billet de banque graisseux. Rapidement débordé, il ne « tient » pas ses deux équipes. Personne ne lui obéit et le match continue.
Alors le jeu se durcit, en l'absence du blessé, allongé à présent sur le sable.
Encore un Italien qui quitte le terrain sur un coup de tête...
C'est alors qu'apparaît, venu du diable vauvert, truffe basse mais regard vicieux, un chacal en maraude... Un cri, des insultes.
On ramasse des cailloux. Les hommes, habiles chasseurs, l'atteignent à la tête en pleine course.
Dans les ravines du sud de l'Ethiopie, rien ne peut arrêter une rencontre de football, sauf un chacal, saigneur de poulets nocturne, voleur de chevreaux et porteur de mauvais œil.
Ce sont des contrées si lointaines qu'une simple partie de ballon peut dégénérer soudain en chasse au fauve. Et les tribus qui cohabitent aujourd'hui peuvent demain s'entretuer à coups de fusil vengeurs.

 

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